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Jésus, Jean-Baptiste, et Hérode

Miséricorde versus Pouvoir

L’Évangile du 5 août 2017 offre à notre méditation un moment fort entre les pulsions, l’orgueil et la lâcheté d’Hérode d’une part, l’amour et la miséricorde enseignés par Jésus d’autre part, sans oublier la démonstration d’engagement et de confiance de Jean-Baptiste. – Matthieu 14, 1-12, et aussi dans Marc 6, 17-29.

Hérode

Hérode* est un petit roi. Auprès des siens il fête son pouvoir, s’exhibant devant sa cour, tout empli qu’il est d’orgueil et de surestimation de soi.

Pourtant Hérode est un faible.

  • « Hérode craignait Jean, sachant que c’est une homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était fort perplexe, et c’était avec plaisir qu’il l’écoutait. » [Marc 6, 20]
  • « Le roi fut très attristé ; mais, à cause de ses serments et des convives, il ne voulut pas lui faire un refus. » [Marc 6, 26]

Bien qu’ému et contristé il cède à ses pulsions quasi-incestueuses, ténèbres d’un cœur lâche refoulant ses peurs par une expression de violence.

Ténèbres d’un cœur adultère chez Hérodiade qui va jusqu’à manipuler sa propre fille pour assouvir sa soif de vengeance envers Jean-Baptiste.

  • « Quant à Hérodiade, elle était acharnée contre lui et voulait le tuer, mais elle ne le pouvait pas. » [Marc 6, 19]

L’orgueil mêlé de la crainte de la foule et du regard des autres pousseront ces deux-là jusqu’au crime. Enchaînés par le pouvoir et l’intrigue, pourraient-ils vivre la liberté évangélique ?

Jésus

Jésus est un grand roi. Non pas à la manière du monde mais au Royaume de la miséricorde et de l’amour du prochain. Tout repas est occasion de célébrer le partage, que ce soit l’épisode de la multiplication des pains

  • « Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restaient. » [Luc 12, 17]

que ce soit la « Cène »

  • « Lorsque l’heure fut venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. » [Luc 22, 14]

ou encore que ce soit près du lac de Tibériade

  • « Il leur dit : « Jetez le filet à droite du bateau et vous trouverez. » Ils le jetèrent donc et ils n’avaient plus la force de le tirer, tant il était plein de poissons. » [Jean 21, 6]

Jésus est Roi, vraiment, pourtant « Serviteur » est le maître-mot que lui-même revendique. Il offre son pardon, il appelle au pardon, il témoigne de ce que la vraie vie est celle où chacun contribue à bâtir un monde de justice et de paix. Chrétiens, retrouvons-nous pour vivre ces épisodes dans l’eucharistie dominicale !

Jean-Baptiste

Jean-Baptiste, dans la Bible, fait la jonction entre l’Ancien et le Nouveau testament. Dès avant sa naissance il va reconnaître la présence de Jésus en train d’advenir. Élisabeth, sa mère, nous rapporte son émotion lors de la visite de Marie :

  • « […] l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon sein. » [Luc 1, 44]

Jean-Baptiste entre dans la confiance avant même que Jésus le rencontre et qu’il en connaisse le destin. Il n’attend pas de tout comprendre pour croire, il croit pour comprendre. Il accepte la mission que son cœur lui dicte. Il s’engage de toute sa personne, consacrant sa vie à l’annonce de la venue de Jésus, Dieu fait homme. Quel courage ! Quel charisme ! Quelle humilité !

Jean-Baptiste sait bien qu’il n’est pas le Messie, il n’en est que le témoin qui convertit sa connaissance des Écritures en une force qui le met en mouvement pour exprimer à ses contemporains la présence du Messie tant espéré par ce peuple en attente de libération de l’occupant romain. Alors il les sollicite de se préparer à le recevoir.

  • « En ces jours-là arrive Jean le Baptiste, prêchant dans le désert de Judée et disant : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche. » » [Matthieu 3, 1-2]
  • « […] Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » [Matthieu 3, 3]

Pour la foule il traduit en pratique librement consentie ce que cela signifie, sans morale, préconisant sagesse et justice :

  • « […] Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a point, et que celui qui a de quoi manger agisse de même. […] N’exigez rien au delà de ce qui vous a été ordonné. […] Ne commettez ni extorsion ni fraude envers personne […] » [Luc 3, 11-14]

Pourtant, fait emprisonné par Hérode, le doute s’empare de Jean-Baptiste :

  • « Il […] les envoya vers Jésus, pour lui dire : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » » [Luc 7, 19]

Aujourd’hui

Moi aussi je doute lorsque la justice ne se réalise pas selon l’image que je m’en fais, lorsque j’attends une réparation en forme de vengeance. Qui est Dieu quand je suis accablé ? Ne peut-il pas épargner la vie des justes ?

Jean-Baptiste n’a pas été épargné par Hérode. Jésus non plus, par les autorités civiles et religieuses de l’époque. Cependant leur Esprit a déjà traversé 20 siècles. Aujourd’hui encore il souffle dans le cœur de chaque baptisé.

Prions

Dans le quotidien de notre relation personnelle à Dieu, avec l’aide de Marie messagère entre terre et ciel, –

  • Seigneur, rappelle-moi que le prix de ma liberté d’homme est que tu n’interviens pas à la place des hommes
  • Seigneur, garde moi d’agir en Hérode
  • Seigneur, aide-moi à porter ta Parole, « Lumière de vie », pour ranimer l’espérance de mes frères et sœurs dans l’avènement d’un monde de justice et de paix
  • Seigneur, convaincs-moi que ton esprit de ressuscité modèle mon cœur pour que, suivant ton exemple, j’influence les événements proches de moi.

*Hérode : Hérode Antipas II, tétrarque de Galilée et de Pérée.

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